Sur Giacomo Casanova: série de 4 épisodes, d’une heure chacun, disponible sur le site de France Culture.
Cette première émission s’intéresse à la vie trépidante du voyageur et aventurier vénitien, né en 1725 et mort en 1798.
Maxime Rovere (Philosophe, spécialiste de Spinoza, membre de l’Institut Néerlandais d’Etudes Avancées à Amsterdam), Tiphaine Samoyault (traductrice, critique littéraire. ).
Maxime Rovère est philosophe et enseigne la philosophie à l’Université de Rio de Janeiro. Il est écrivain, et notamment auteur de la biographie Casanova, parue chez Gallimard dans la collection Folio en 2011.
Comment écrire la vie de quelqu’un qui a lui-même écrit la sienne ? Peut-on se fier à la narration de Casanova ? C’est ce que nous nous demandons avec notre invité, puisque Casanova est avant tout un joueur qui relie par le fil du récit les épisodes rocambolesques de sa vie. Amoureux du vin, de la gastronomie, de l’amour, avide de projets en tous genres, le grand séducteur conquiert aussi son lecteur.
Les célèbres et abondants mémoires de Casanova, écrits en français parus sous le titre “Histoire de ma vie”, constituent une œuvre sans égale dans la littérature. Rédigés à la fin de la vie de Casanova, ils ont paru à titre posthume et ont été rapidement censurés.
Jean-Christophe Igalens (maître de conférences à la Faculté des Lettres de Sorbonne Université), Etienne de Montety (écrivain et directeur du Figaro littéraire).
Nous recevons Jean-Christophe Igalens, maître de conférences à Sorbonne-Université. Avec Erik Leborgne, il a édité les trois tomes de l_’Histoire de ma vie_ chez Robert Laffont (coll. “Bouquins”). Il est également l’auteur de Casanova. L’écrivain en ses fictions (Classiques Garnier, 2011).
Casanova ne fait pas ses débuts littéraires avec l’Histoire de ma vie, le récit de ses mémoires, mais au théâtre. Il écrit pour sa mère comédienne un livret adapté de Zoroastre, mais également une parodie de la Thébaïde de Racine, une traduction italienne de L’Écossaise de Voltaire qui est jouée à Gênes en 1760. Ses premiers rapports à l’écriture sont donc de l’ordre de la réécriture, de l’adaptation ou de la parodie, principalement au théâtre : on voit déjà un goût du jeu, du rire et de la vie. Au fil du temps, Casanova s’engage dans plusieurs projets d’écriture, aussi variés que ses expériences, entre le picaresque et la haute aristocratie : un opuscule médical (1772), une Histoire des troubles de la Pologne (1774) , une traduction de L’Iliade en dialecte vénitien puis en italien, des périodiques et des revues, des pamphlets anonymes, des commentaires de textes littéraires ou philosophiques… Mais cette activité ne lui permet pas de vivre, ni de lui assurer une réputation : il est en effet obligé de quitter définitivement Venise en 1783 pour avoir publié un ouvrage à clés, règlement de comptes à l’égard d’une grande famille patricienne. Finalement, il termine sa vie entouré de livre, puisqu’il est bibliothécaire au château de Dux en Bohême, auprès du Comte de Waldstein.
Dans cette émission, nous nous intéressons de façon plus précise aux aventures financières de Casanova, à Venise et dans toute l’Europe.
Guillaume Simiand (Chargé de mission à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), Maialen Berasategui (journaliste littéraire).
Guillaume Simiand est enseignant-chercheur à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Il est l’auteur de Casanova dans l’Europe des aventuriers (Classiques Garnier, 2017).
Nous tentons avec lui de définir qui est Casanova aventurier, lui qui dit avoir rencontré “tous les Aventuriers de la terre”. Sa vie est marqué par des voyages, des errances, des départs et des retours, une absence d’attaches et une volonté de ne pas tout maîtriser mais de “sequere deum”, de suivre le dieu, conformément à sa devise. L’aventurier Casanova cherche aussi à paraître sous son plus beau jour en société, en sachant se transformer à l’image d’un caméléon. Casanova est aussi mû par un désir de faire fortune, avec une fascination pour le jeu, la finance et la spéculation – tant amoureuse qu’économique. Ainsi, à Londres, en Hollande, à Paris, il fréquente les milieux banquiers ; à Venise, il se lance dans l’ouverture d’une manufacture de textiles. Casanova dépense sans vocation à économiser, pour se dépenser lui-même et pouvoir dire oui à toutes les aventures qu’il rencontre sur son chemin.
Comment définir le casanovisme ? Cette émission propose une entrée plus en profondeur dans la compréhension du personnage de Casanova, aventurier des Lumières et acteur, bien plus que témoin, de son siècle.
Chantal Thomas (romancière et académicienne), Stéphanie Genand (Professeur à l’Université de Bourgogne, spécialiste de la littérature du XVIII° siècle, présidente de la société des études Staëliennes).
Notre invitée du jour est Chantal Thomas. Essayiste, romancière, directrice de recherches au CNRS, elle est notamment spécialiste de Casanova et du siècle des Lumières. Elle est l’auteure de Casanova. Un voyage libertin (Folio Gallimard, 1998) et Un air de liberté. Variations sur l’esprit du XVIIIe siècle (Payot, 2014) ainsi que la préface au livre de Casanova Mon apprentissage à Paris (Rivages Poche, 2017).
Chantal Thomas a aussi récemment participé à l’élaboration du scénario de Dernier Amour, film de Benoît Jacquot sorti en salles en mars 2019, qui traite d’un épisode de la vie de Casanova d’après ses Mémoires. Il s’agit de la passion destructrice de Casanova pour une femme, La Charpillon, qu’il rencontre à Londres dans les années 1763-1764. C’est la première fois qu’il se heurte à un refus féminin : cet épisode marque pour lui la découverte d’une altérité incompréhensible, qu’il ne parvient pas à contrôler. L’humiliation qu’il vit le pousse notamment à rédiger deux essais sur le suicide.